L’association de reconstitution, Thiérache Histoire Vivante, a été victime d’une aventure rocambolesque avec les services de douanes. Les bénévoles encourent jusqu’à 75 000 euros d’amende pour détention d’armes de guerre. Les futures commémorations sont compromises.
L’affaire remonte à six semaines mais l’association est restée très discrète jusqu’alors. Aujourd’hui, le président Claude Mainon, profondément meurtri par cet épisode peu commun, parle. Il veut dire la vérité, éviter que la situation s’enflamme sur les réseaux sociaux. Il met aussi en garde toutes les associations de reconstitution potentiellement, elles aussi, dans l’illégalité.
Douze douaniers pour perquisitionner
Les faits se passent le 14 octobre. L’oncle du président, Jean-Pierre Mainon, part installer un bivouac pour une reconstitution à Anizy-le-Château. La douane de Laon contrôle la camionnette en milieu d’après-midi et très vite, elle fait main basse sur des armes. «
On avait quinze armes dont sept qui posaient problème puisque considérées comme armes de guerre en état de tir, même coupées en trois et ressoudées. Seuls nos fusils Lebel sont déclassés
», explique le président Claude Mainon, ancien militaire droit dans ses bottes, qui ne comprend toujours pas ce qui est arrivé. Après ce contrôle, tout s’enchaîne. Le chauffeur est emmené au dépôt à Laon. La douane demande au procureur l’autorisation de perquisitionner à son domicile d’Origny-en-Thiérache mais aussi chez le président à Mondrepuis. «
Lors de la perquisition de mon domicile, j’apprends que des obus et des grenades vides qui servent à être présentés au public sont interdits. Je suis collectionneur depuis l’âge de 11 ans, j’en ai partout et il arrive qu’on me dépose des cartouches que j’entasse et j’oublie dans les dépendances
», détaille Claude Mainon.
« Je suis bénévole et je n’ai pas envie de vendre ma maison pour payer l’amende douanière »
La perquisition réalisée par une douzaine de douaniers, dont deux démineurs de Laon, a duré près de trois heures. Claude Mainon a ensuite été conduit à Laon avant d’être libéré au petit matin. «
Je n’ai rien à cacher, ni rien contre les douanes qui ont fait leur travail mais elles auraient dû se renseigner. Il y a un manque de discernement. Je veux juste qu’elles comprennent que je ne suis pas un gangster. Cette situation est très choquante », explique le président qui a encore du mal à contenir son émotion.
Il est inquiet pour la suite, lui le sapeur-pompier volontaire et agent de sécurité qui craint pour son avenir professionnel mais aussi personnel. «
Je suis bénévole dans une association et je n’ai pas envie de vendre ma maison pour payer l’amende douanière.
»
Aujourd’hui, le président de Thiérache Histoire Vivante veut que cette mésaventure mette en garde les nombreuses associations de reconstitution qui le soutiennent pleinement. Il veut faire un maximum de prévention et espère pouvoir obtenir une modification de la loi.
Jusqu’au ministre des Comptes publics
Côté politique le maire d’Hirson, Jean-Jacques Thomas qui a été le premier à soutenir l’association notamment sur le blog qu’il anime, ne compte pas en rester là. Il est intervenu auprès du préfet et de Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics dont dépendent les douanes pour que les poursuites soient abandonnées.
Les bénévoles sont décidés à dissoudre l’association ou boycotter les prochaines commémorations en cas de poursuite. On voit mal comment les événements du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale pourraient avoir lieu sans eux, notamment pour la pierre d’Haudroy.
Thiérache Histoire Vivante est labellisée par l’État pour ces commémorations. Les bénévoles ont aussi participé à celles de Verdun ou comme figurants dans des documentaires de télévisions. Il se chuchote même en coulisse que l’équipe pourrait défiler sur les Champs-Élysées au prochain 14-Juillet. La suite ne dit pas avec ou sans arme ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire