Quand il regarde sa vie dans le rétroviseur, Jean-Claude Guny, 72 ans, y voit un fil conducteur : l’automobile. Sa passion. Son démon, aussi. Leur histoire a commencé par un coup de foudre en 1980.
Alors qu’il vient de tomber en panne avec sa CX, son regard est attiré par une épave laissée chez un garagiste de Tergnier. Une Panhard 24 BT de 1962. « L’une des voitures les plus élaborées au moment de sa sortie », se souvient l’ancien professeur en génie mécanique du lycée Jean-Macé de Chauny.
Lui qui à l’origine n’était pas fan de la marque (« je n’aimais pas le bruit du moteur ») va progressivement en devenir l’un des meilleurs spécialistes. Il retape entièrement la vieille Panhard qui ne tenait plus debout. Pris par le virus, il fait ensuite l’acquisition d’autres véhicules de ce constructeur historique auquel il redonne une nouvelle vie. Il en possède quatre aujourd’hui. Une PL 17, une Dyna 21 et une CD 62 qui a gagné Le Mans.
Jean-Claude va plus loin en réalisant le rêve avorté de Jean Panhard. Mettre un moteur quatre cylindres sur « la 24 ». La marque avait été absorbée par Citroën en 1967 qui avait préféré mettre le paquet sur la DS, abandonnant le projet d’un 4 cylindres.
« Ma vie a basculé »
Sa passion, et même sa vie, a bien failli s’arrêter un jour de 1996 à Molinchart près de Laon. Au volant de sa Mercedes, il est violemment percuté par une Renault 21 dont le conducteur a grillé le stop. En face, il y a quatre morts dont deux enfants. Jean-Claude est très grièvement blessé. « Ma vie a basculé », résume-t-il en montrant les photos impressionnantes de l’accident. Il lui a fallu trois ans pour pouvoir revivre à peu près convenablement, remarcher, reparler. Aujourd’hui, les séquelles se font toujours sentir.
C’est pourtant par la voiture que lui est venu son salut. « J’avais commencé à travailler sur un moteur avant l’accident, j’ai continué ensuite. Ça m’a permis d’oublier, de mettre mon cerveau sur autre chose. » Du moteur, il a ensuite confectionné la carrosserie et a donné naissance à une voiture de course qui peut atteindre les 200 km/h. « Le design est inspiré d’une Lotus mais elle est fabriquée à 80 % avec des pièces Panhard. »
Depuis une dizaine d’années, ce miraculé de la route court les rassemblements sur les circuits les plus prestigieux de France, fier de montrer son travail et heureux de rouler. « J’ai une appréhension avant mais quand je suis dedans je n’y pense plus », assure Jean-Claude Guny. Chaque jour, il continue d’améliorer sa monoplace de 1700 cm3. Pour ne pas trop avoir à regarder dans le rétro.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire