mardi 24 avril 2018

À Coucy-le-Château, ce canon de 380 n’était en réalité pas la «Grosse Bertha»


L’armée allemande installe dans le plus grand secret une pièce d’artillerie de marine (380 mm) à l’orée de la forêt du Montoir, à quelques kilomètres du château. L’action se déroule au début de l’année 1915.
Ce canon, impressionnant pour l’époque, a longtemps été appelé la « Grosse Bertha », mais c’était une autre pièce d’artillerie, installée à Crépy-en-Laonnois, qui tirait sur Paris.
Une cérémonie a eu lieu voici deux ans pour marquer la célébration du centenaire de la Grande Guerre. Aujourd’hui, un circuit du souvenir existe pour découvrir ce lieu chargé d’histoire.

Une telle réalisation, à cette époque, est quelque chose de gigantesque car ce canon longue portée, installé à l’orée de la forêt du Montoir à Coucy-le-Château, est et reste hors-norme.
Durant de très nombreuses années, la légende urbaine voulait que ce canon soit la « Grosse Bertha », laquelle terrorisait la capitale par ces bombardements meurtriers.
«  Cette affabulation venait de très loin car il y a eu de nombreux canons dont un appelé Grosse Bertha, lequel bombardait Paris. Alors tous les gros canons rappelaient ce mauvais souvenir  », précise Daniel Pantel, président le l’AMIVAT (association de mise en valeur du territoire), guide et conférencier.
D’ailleurs, longtemps, les panneaux pour signaler ce lieu historique ont indiqué « Grosse Bertha ». «  Si ma mémoire ne me fait pas défaut, précise le guide et conférencier, je crois que ce n’est qu’en 2007 que des militaires, venant sur place, ont ordonné d’enlever ces panneaux ne reflétant pas l’exactitude de l’histoire.  »

Des obus de 750 kg

Pour l’époque, ce canon, d’abord destiné à la tourelle d’un cuirassé allemand de la flotte impériale de la série « Bayern », est apparu pour renforcer les emplacements défensifs.
«  Plusieurs canons de marine se sont transformés en grosses pièces d’artillerie car les bateaux ne sortaient pas des chantiers navals  », raconte-t-il encore.
Dans ces années-là, la ville Coucy, avec son magnifique château toujours flambant neuf, était une destination prisée des Parisiens et du nord de la France comme également la Belgique. Un lieu agréable, plaisant et à la mode où l’on venait en week-end apprivoiser l’histoire des Sires Enguerrand.

Un emplacement stratégique

Cette charmante bourgade restée dans les lignes allemandes, après leur défaite de la Marne, va donc servir de plate-forme à une pièce de gros calibre. L’armée allemande consolide sa position car cette ville possède des voies ferrées.
«  L’endroit était stratégique, et parfaitement desservi par le train car il fallait acheminer un très important matériel, comme le canon, qui a été installé sur un wagon, indique-t-il. Même une autre ligne de chemin de fer, partant un peu plus haut, a vu le jour avec un pont en bois qui enjambait l’autre ligne de chemin de fer et pouvant supporter une charge de 150 tonnes.  »

Un leurre à Trosly-Loire

Ce canon d’une longueur de 17 m pouvait tirer des obus de 750 kg pour un diamètre de 38 cm. En tout et pour tout, avant que cette pièce d’artillerie soit démontée afin de rejoindre les lignes arrière du front, il y aura eu quatre-vingt-dix tirs.
«  Il y a eu le premier essai à blanc le 17 avril et le premier véritable tir a eu lieu le 27 avril 1915 sur Compiègne. Il y avait deux officiers, soixante-six hommes pour s’occuper de ce canon dont l’emplacement a été construit par deux cents prisonniers russes. Cette Première Guerre mondiale a aussi été celle du camouflage et des leurres  », note Daniel Pantel.
Les Allemands construisent en effet un canon identique, mais en bois, cinq kilomètres plus loin dans le bois la Tinette à Trosly-Loire, pour faire diversion. «  Lorsque le vrai canon tirait, l’autre faisait exploser une charge de poudre pour détourner l’attention mais l’As de l’aviation française, Georges Guynemer, en deux fois, parviendra à repérer l’emplacement malgré toutes les ruses  », conclut le conférencier.
Le canon sera ensuite démonté et déployé sur les lignes arrières du front allemand. En 1922, la plate-forme du canon de Coucy sera classée Monument Historique .............. LIRE SUR LE JOURNAL L'AISNE NOUVELLE ................. À Coucy-le-Château, ce canon de 380 n’était en réalité pas la «Grosse Bertha» http://www.aisnenouvelle.fr/72728/article/2018-04-23/coucy-le-chateau-ce-canon-de-380-netait-en-realite-pas-la-grosse-bertha

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