Chauny: une élève tente de se suicider dans son lycée

Une adolescente de 15 ans a tenté de mettre fin à ses jours le 16 octobre dernier en absorbant une dose massive de médicaments au sein du lycée Gay-Lussac de Chauny. Elle se dit victime de harcèlement de la part de six jeunes.
C’est un appel au secours qu’a voulu lancer Aurélie* une semaine avant les vacances de Toussaint. La jeune fille de 15 ans suit sa première année au lycée Gay-Lussac à Chauny. Mais le lundi 16 octobre, elle n’a plus supporté les moqueries, insultes et attaques physiques qu’elle affirme subir depuis la rentrée. Et a commis un geste désespéré.
«  Je n’arrivais pas à en parler, du coup j’ai pris plein de cachets dans la boîte à pharmacie et je suis partie à l’école. À ce moment-là, le seul moyen qui m’est passé par la tête était d’en finir, explique-t-elle avec des larmes dans la voix. Pendant les cours, je les prenais au fur et à mesure  », poursuit-elle, avant d’avouer ne plus se souvenir de la suite.

Sa grande sœur va l’accueillir à l’arrêt de bus après les cours, titubante, l’œil hagard. Elle appelle immédiatement les pompiers qui décident de transférer l’adolescente au centre hospitalier de Saint-Quentin.

« Le seul moyen de m’exprimer »

C’est là, où elle a été admise deux jours, qu’Aurélie finit par dévoiler les raisons de son geste et le calvaire qu’elle endure depuis le mois de septembre. La jeune fille n’a, de son propre aveu, jamais été harcelée auparavant. Élève plutôt brillante, sans histoire, Aurélie a vécu un calvaire quasiment dès qu’elle a franchi l’enceinte de l’établissement. «  Personne ne me parlait, explique-t-elle. Dès que j’essayais de parler, ils faisaient tout pour m’éviter, et je ne sais pas pourquoi. Je me suis sentie écartée de la classe.  » Une indifférence qui rapidement, va prendre une tournure plus dramatique. «  La semaine suivante, ils ont commencé à parler sur mon dos, à m’insulter. Puis il y a eu des bousculades, des croche-pieds pour me faire tomber dans les escaliers. Ou on me jetait des projectiles en classe, des bouts de gomme, des agrafes. Mais je gardais le silence. Je n’arrivais pas à en parler, du coup j’ai fait cette tentative de suicide, le seul moyen pour moi d’exprimer ce qu’il m’arrivait.  »
Ni ses parents, ni sa sœur n’ont décelé de signes annonciateurs du mal-être d’Aurélie. «  À chaque fois que je demandais si ça avait été à l’école, elle disait que tout s’était bien passé. Et son comportement n’avait pas changé  », avance son père. «  Mis à part des retards pour aller au lycée et le fait qu’elle ne voulait pas manger à la cantine, on n’a pas imaginé ça. On s’est dit que c’était peut-être nouveau.  »

Plaintes pour harcèlement et agression

Aurélie devait retourner dans son lycée ce lundi matin, mais elle est terrifiée à l’idée de se retrouver face à ses harceleurs. «  Je ne veux plus remettre les pieds dans ce lycée, j’ai peur d’y retourner. J’ai peur rien que d’en parler  », murmure-t-elle. Des menaces de représailles auraient été émises lundi matin au sein de l’établissement à l’égard d’Aurélie.
Ses parents ont décidé de porter plainte contre six jeunes du lycée pour harcèlement et agression. Les lycéens, ainsi que plusieurs élèves de la classe d’Aurélie, ont été entendus par la gendarmerie de Chauny qui n’a pas encore clôturé le dossier. Les parents d’Aurélie demandent au chef d’établissement de Gay-Lussac des sanctions envers ces élèves car il n’est pas question de déscolariser leur fille. «  Je veux qu’ils comprennent ce qu’ils ont fait, dit la maman. Et pour que ma fille puisse retourner en classe, si elle le souhaite.  » Ce qui est loin d’être le cas pour l’instant. Encore traumatisée, la jeune fille est suivie par un psychologue, aux frais de la famille.
Nous n’avons pas réussi à joindre la direction de l’établissement scolaire.
*Pour préserver son anonymat, le prénom a été changé.        


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