vendredi 2 novembre 2018

Drame De Bisschop à Nouvion-et-Catillon, mystère et silences depuis un an

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REPÈRES

Le 31 octobre 2017, la famille De Bisschop est retrouvée morte à son domicile de Nouvion-et-Catillon (au nord de Laon, Aisne) : Pierre, le père (47 ans), Céline, la mère (47 ans) et les trois enfants, Jean (20 ans), Marion (18 ans) et Baudouin (12 ans). Une enquête pour « homicides volontaires aggravés » est ouverte.

Ce sont trois employés de l’exploitation agricole et d’élevage de la famille qui ont découvert les morts.


Très vite, le procureur de la République de Laon évoque « la thèse du drame familial. Le père de famille aurait abattu son épouse et ses enfants avec un fusil de chasse avant de retourner l’arme contre lui ».

Aucune explication n’a été retrouvée sur place. Le procureur met quelques jours avant d’invoquer « une stricte origine professionnelle ».

Un an plus tard, les langues ne se délient que très peu pour évoquer ces éventuels soucis professionnels et tenter d’avancer une explication circonstanciée à ce geste.

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C’est une histoire simple. Aux motivations mystérieuses. Une bouleversante affaire. Impénétrable à jamais ? Pierre De Bisschop n’a pas laissé d’explications à son quadruple meurtre puis à son suicide, voilà un an. Ce qui permet à toutes les supputations de fleurir. Sous le manteau, car entre les interlocuteurs qui «  ne savent rien  », ceux «  ne veulent pas s’exprimer  » et ceux qui vous claquent la porte ou raccrochent au nez, briser la chape de plomb s’avère illusoire. Comme dans un film de Claude Chabrol ayant pour toile de fond notables et grandes familles de province. Sauf que ce n’est pas du cinéma.

Cette omertà, à Nouvion-et-Catillon, au nord de Laon et alentour, est bien évidemment fondée. «  C’est une date horrible pour nous  », nous a fait valoir Florence, sœur de Pierre De Bisschop. Le silence est compréhensible face au chagrin, à la douleur, au sentiment de culpabilité peut-être, dans ces clans meurtris et traumatisés à jamais. Sauf que, à défaut de motivation précise à ces cinq tragédies, les spéculations comme les rumeurs vont bon train dans les plaines axonaises (lire ci-dessous). Souvent en balayant la version officielle, celle de la justice.

La justice a « une seule certitude » : l’auteur des faits


Le procureur de la République de Laon, saisi de l’affaire voilà un an, a fait savoir qu’il «  ne communiquera plus sur ce dossier  » en réponse à notre demande d’entretien, voilà trois semaines. Dès lors, il faut reprendre ses propos tenus à l’époque.

Le jour des faits, le 31 octobre 2017, le procureur publie un communiqué. À 14 h 26, six heures après l’alerte (les gendarmes sont informés à 8 h 21 selon son communiqué), il indique que «  les premières investigations réalisées permettent de s’orienter vers la thèse du drame familial  ». Le 8 novembre, interrogé par l’AFP, il déclare : «  On pense avoir déterminé, car il n’y a pas d’écrit, pourquoi il a fait ça. Je ne peux pas entrer dans les détails, mais c’est pour des raisons professionnelles.  » Une affirmation confirmée une semaine plus tard à nos confrères du Parisien : «  L’origine de ce suicide et de ce drame familial a une stricte origine professionnelle  », même si Pierre De Bisschop «  n’a laissé aucun écrit  ».

Le « Roi Soleil » et les déboires professionnels


Le procureur indique ensuite au même média : «  Une seule certitude, c’est bien lui qui a tué sa famille  ». Le magistrat du parquet reconnaît donc ne pas avoir de «  certitude  » sur le mobile. Pour creuser cette piste du motif professionnel, les différents témoignages recueillis depuis laissent transparaître les mêmes contours au sujet de Pierre De Bisschop : «  Le Roi Soleil  », «  rien ne lui résistait  », «  un caractère entier  », «  il flirtait avec les limites  ».

Ambitieux, s’en donnant les moyens en travaillant d’arrache-pied, l’agriculteur faisait bouger les lignes. Trop ? «  Un projet ambitieux pour renforcer son image de Roi Soleil. Malheureusement, ce sera le projet de trop  », décrivit un proche lors des obsèques. «  Des soucis amplifiés par une trop grande fatigue lui ont fait perdre le bon sens, lui faisant croire qu’il allait tout perdre.  » Les analyses toxicologiques posthumes ne révéleront aucune anomalie chez Pierre De Bisschop au moment des faits.

«  Il a surestimé un achat à grands frais, pas si rentable au final. Il avait peur que cet investissement puisse mettre à mal son empire  », indique un acteur agricole axonais sans nommer cet engagement. «  Comme il était trop fier pour admettre qu’il s’était trompé…  », tente de justifier un cultivateur. La poursuite de l’activité de ses exploitations semble indiquer l’inverse…
Le procureur n’a pas l’apanage du communiqué dans ce quadruple homicide. C’est d’abord l’évêque de Soissons, Laon et Saint-Quentin, Mgr Renauld de Dinechin, qui en publie un. «  Ayant appris le drame qui brise une famille de cinq personnes, je suis bouleversé et m’associe à la douleur de leurs proches. Les chrétiens de l’Aisne prennent part à leur peine et s’associent à leur prière.  » La religion occupe une place importante dans la famille De Bisschop, comme dans celle de Céline, l’épouse de Pierre. Les obsèques se dérouleront ainsi à la cathédrale de Laon, rassemblant 1 800 personnes autour des cercueils des quatre victimes et de l’auteur des gestes fous.

Les familles ne se sont jamais exprimées. D’autres le feront pour elles après les cérémonies religieuses, alors que la campagne bruissait de «on-dit». Un communiqué fut diffusé par «  des proches de la famille  » : «  Si les circonstances exactes du drame restent toujours inconnues, les familles trouvent leur consolation et leur réconfort dans la certitude que les victimes n’ont jamais manqué d’amour.  »

« Cela ne regarde personne »


Justice, église et décideurs du monde agricole territorial se sont montrés d’une solidarité extrême avec les familles des victimes… Les communautés d’intérêts, unies dans la douleur, le sont encore dans le silence, formant un rempart infranchissable.

Ces derniers jours, Florence, sœur de Pierre, nous a accordé un bref échange. «  J’en ai assez dit. Cela ne regarde personne  », a-t-elle calmement répondu à notre dernière demande de précisions sur le mobile. Le « secret » restera dans la famille…………   LIRE DANS LA JOURNAL L'AISNE NOUVELLE ……………  Drame De Bisschop à Nouvion-et-Catillon, mystère et silences depuis un ahttp://www.aisnenouvelle.fr/80557/article/2018-11-01/drame-de-bisschop-nouvion-et-catillon-mystere-et-silences-depuis-unn

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