dimanche 3 décembre 2017

A Blérancourt, un paradis automobile pour les anciennes

hebergement d'image A peine passé l’accueil, les premiers modèles rutilants se jettent à votre regard. Nous voilà en train de pénétrer dans un musée. «  Ah non, ici, c’est un lieu de travail !  », corrige Oscar Lefebvre. Passionné de belles mécaniques, Oscar Lefebvre pilote avec son épouse Marie-Christine, l’Atelier des Coteaux, à Blérancourt (entre Noyon et Soissons). La cité est surtout réputée pour son château symbole de la participation américaine dans la Première Guerre mondiale. Les amoureux de belles anciennes, eux, connaissent très bien aussi l’autre adresse de prestige de ce coin de l’Aisne. D’extérieur, il n’a rien d’un écrin. Et pourtant, le bâtiment abrite un véritable trésor automobile. Exceptionnel.
Sur 6000 m², l’entreprise de restauration chouchoute quelque 200 voitures aux pedigrees prestigieux : Rolls-royce, Bentley, Jaguar, Aston-Martin, Ferrari, Maserati, Alfa-Romeo, Facel-Vega, Delahaye, Mercedes, Cadillac… Entre autres. L’atelier est l’un des plus importants, sinon le plus grand, en France. D’abord fondé en 1989 à Château-Thierry, l’atelier s’est déplacé en 1996 à Blérancourt, où il a traversé la rue pour rejoindre en 2011 son site actuel. L’entreprise emploie 20 personnes.
«  Cela fait 52 ans que je répare ! Mon père était garagiste, agent Citroën-Panhard. Je suis le dernier de sept enfants, tous dans l’automobile  », confie le chef d’entreprise, à la réputation planétaire. Taiseux sur ses clients et la valeur de leurs autos – beaucoup chiffrant en centaines de milliers d’euros – Oscar Lefebvre restaure ses pensionnaires «  dans le but de les remettre à l’état aussi proche que possible de leur sortie d’usine  ». Sur le pare-brise, des affichettes détaillent par le menu la génèse des modèles. Ici on ouvre des portières comme on tournerait les pages d’un livre d’Histoire.
A l’atelier des Coteaux, l’authenticité suppose la patience : «  On a la réputation d’être long, mais ça fait partie du jeu. Une restauration, c’est entre 1500 et 3000 heures de travail. Soit entre un et trois ans  ». Aux antipodes des émissions de télé-réalité très en vogue sur la réparation-revente de voitures, façon « Weeler dealer ». «  On m’a déjà proposé d’en animer une. Mais elles m’agacent. Elles sont scénarisées. Et tout doit aller vite  », égratigne l’artisan. Qui préfère prendre le temps de s’arrêter sur la signature d’un carrossier de l’époque apposée au revers d’une aile de Facel-Vega. Une collision temporelle toujours émouvant

«  Un client, on commence par écouter son histoire  », décrit Oscar Lefebvre. «  Il me raconte ses souvenirs d’enfance, ce bruit de moteur qu’il conserve dans l’oreille. Certains peuvent déjà posséder une collection de 150, quand pour d’autres, ça peut être le projet d’une vie préparé de longue date  ».


Avant de faire grimper la belle sur le pont, un beau-frère se charge d’aller chercher la voiture jusque chez elle. À travers l’Europe souvent. Depuis d’autres continents parfois. Un suivi photo mensuel de la restauration est ensuite envoyé au client. Qui effectue des visites aussi. Les morceaux de carrosserie sont fabriqués sur place. Pour les autres pièces, la modernité d’internet vient au secours des bobos des anciennes.


Les mécanos «  ont le temps de bien faire. Car le moins que l’on doive… c’est le top  », se fixe le patron d’une équipe, d’ailleurs pas toujours facile à stabiliser. «  Je recrute en permanence. Je cherche un carrossier et un sellier notamment  ». Oscar Lefebvre forme lui-même. Une quarantaine de personnes à ce jour. «  Mais ce qu’ils apprennent ici ne sert à rien sur les voitures actuelles, pour lesquelles on commence d’abord par brancher une valise de diagnostic  », reste-t-il lucide, indéfectiblement en admiration pour les anciennes. «  Regardez cette Jaguar Type E… on n’inventera plus ça  ».
A Blérancourt, un paradis automobile pour les anciennehttp://www.courrier-picard.fr/75013/article/2017-12-02/blerancourt-un-paradis-automobile-pour-les-anciennes


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